Devenir orateur avec… Sir Winston Churchill
5 leçons de Sir Winston Churchill
Un immense orateur
Pour trouver son style oratoire, celui avec lequel vous êtes le plus à l’aise, et prendre du plaisir dans vos prises de parole, nous croyons beaucoup à l’observation des plus grands orateurs et oratrices. A travers leurs discours, ils nous transmettent de nombreuses leçons et aident ainsi à progresser rapidement.
Sir Winston Churchill, homme politique remarquable, l’un des plus influents de l’histoire contemporaine, notamment comme Premier ministre du Royaume-Uni en pleine Seconde guerre mondiale, fut aussi reconnu pour sa plume en recevant le prix Nobel de littérature en 1953.
Immense orateur, Winston Churchill a réalisé des milliers de discours durant sa carrière, dont certains sont immédiatement entrés au panthéon de la rhétorique, et prononcé ainsi pas moins de 5 millions de mots.
Leçon n°1 de Sir Winston Churchill
Aimer et respecter sa langue
Winston Churchill était fou amoureux de la langue anglaise. Il la chérissait et faisait tout son possible pour la sublimer dans ses discours. Conséquence ? Pour une prise de parole de 40 minutes, il comptait entre 6 à 8 heures de préparation, corrigeant et raturant à de multiples reprises ses notes.
Ce temps de préparation lui permettait de choisir la structure la plus efficace pour présenter ses arguments mais aussi de sélectionner les idées les plus à même de marquer les esprits durablement. Mais ce travail ne s’arrêtait pas là. Il remplaçait les longs mots, souvent trop compliqués, par des synonymes plus courts et percutants (d’ailleurs Martin Luther King faisait la même chose).
Un excellent discours, notamment s’il est important, ne s’improvise jamais, il faut le préparer consciencieusement, en déterminant une structure pertinente voire en choisissant ses mots avec la plus grande des attentions.
Leçon n°2 de Sir Winston Churchill
Un orateur répète … à voix haute !
Au regard du talent oratoire de Churchill, il serait aisé de conclure qu’il s’est toujours exprimé avec aisance et une grande clarté. Evidemment, il n’en est rien ! Enfant, Winston Churchill éprouvait des difficultés à articuler et prononcer correctement certains mots. Son père fit même appel à un spécialiste de la voix pour déterminer s’il souffrait d’un trouble particulier. Mais de ce handicap de jeunesse, Winston Churchill en a fait une véritable force en choisissant des mots qu’il lui était facile à prononcer et qui peu à peu allait conférer une véritable poésie à ses propos. Et surtout, il répétait à voix haute pour se mettre son texte en bouche et faire les derniers ajustements.
Parmi ses nombreux discours, certains passages sont magnifiques de par le rythme des phrases. C’est le cas de celui prononcé le 4 juin 1940 à la Chambre des communes du Parlement britannique :
“We shall go on to the end, we shall fight in France, we shall fight on the seas and oceans, we shall fight with growing confidence and growing strength in the air, we shall defend our island, whatever the cost may be, we shall fight on the beaches, we shall fight on the landing grounds, we shall fight in the fields and in the streets, we shall never surrender.”
Une prise de parole réussie se répète toujours à voix haute, dans les conditions les plus proches possibles de son élocution.
Leçon n°3 de Sir Winston Churchill
Lire et toujours se cultiver
Au plus près de la définition donnée par les rhéteurs de l’Antiquité, Sir Winston Churchill considérait qu’un orateur devait être capable de s’exprimer sur des sujets très variés, dans des contextes toujours différents. C’est pourquoi il lisait beaucoup. Il constituait ainsi un réservoir d’idées toujours plus important et à même de convaincre des audiences variées. Les auteurs grecs, comme Aristote, appelaient cela des topos, c’est-à-dire une somme d’arguments et exemples sur de nombreux thèmes.
Et toutes ses lectures lui donnaient la possibilité d’utiliser de riches analogies et de manier un vocabulaire estimé à plus de 65 000 mots… alors que la moyenne se situe à 25 000 !
Pour parler sur de nombreux sujets, avec pertinence et intelligence, il faut le creuser en détails. Pour cela, il faut piocher de nouvelles références dans toutes ses lectures, et aujourd’hui nous pourrions rajouter, écoutes et visionnages.
Leçon n°4 de Sir Winston Churchill
Le logos bien sûr… mais aussi le pathos !
Les discours de Churchill sont des chef d’œuvres d’argumentation. Pour emporter l’adhésion de ses audiences, il réalisait ce qu’il appelait lui-même des « accumulations d’arguments ». Et ces derniers, à chaque fois, menaient tous à une conclusion implacable. Telle une gradation, il organisait ainsi ses idées afin que les arguments fassent une impression de plus en plus forte et démontrent point par point qu’il avait raison.
Mais pour autant, loin de faire l’apologie de la rationalité, il savait que pour convaincre et persuader, il était tout aussi essentiel de s’engager émotionnellement dans ses propos. Si l’objectif est de transmettre un message grave et solennel, il faut aussi qu’il vous prenne aux tripes ; si une idée vous met en colère, celle-ci doit être réelle et perceptible. L’orateur doit être sincère avec lui-même et avec ses audiences pour emporter son adhésion.
Tout est dit par Winston Churchill lui-même dans un texte de jeunesse, The Scaffolding of Rhetoric :
"If we examine this strange being [the orator] by the light of history we shall discover that he is in character sympathetic, sentimental and earnest… Before he can inspire them with any emotion he must be swayed by it himself. When he would rouse their indignation his heart is filled with anger. Before he can move their tears his own must flow. To convince them he must himself believe."