Un remède contre la réunionite aiguë

 

En entreprise, les collaborateurs passent chaque jour des heures en réunion. Or, la moitié d'entre elles seraient inutiles… Face à ce syndrome de la réunionite aiguë, un remède existe : le débat d'idées !

La perte de sens des salariés inquiète les entreprises. Ces dernières, confrontées à de nouveaux défis comme celui de la transformation numérique et à l'arrivée d'une jeune génération qui ne se reconnaît pas dans de grandes structures hiérarchiques, cherchent à réenchanter le travail.

C'est sans doute les réunions internes qui symbolisent le plus cette perte de sens. Las, les collaborateurs, qui en font des dizaines par semaine pour des résultats parfois (souvent ?) douteux, ne participent même plus et finissent par se terrer dans le silence ou le désintérêt. C'est le syndrome de la réunionite aiguë.

Des symptômes bien connus

Des réunions qui durent une heure alors qu'elles sont réalisables en à peine 15 minutes

Des réunions sans ordre du jour précis

Des réunions où personne ne s'écoute alors que les ordinateurs sont ouverts et les téléphones posés sur la table

Des réunions qui digressent à n'en plus finir

— Des réunions dont on sait que la décision est déjà prise à l'avance...

Quel remède ?

La réunion est devenue une torture alors qu'elle est un formidable outil d'intelligence collective. Et l'utilisation de Power Point n'arrange pas l'appauvrissement et le formatage de la pensée... Pourtant, tous les collaborateurs souhaitent exprimer leurs convictions librement, confronter leurs idées à celles des autres et participer aux décisions prises.

C'est d'autant plus vrai aujourd'hui que, face aux défis à venir, les sujets doivent être débattus pour réaliser des choix stratégiques éclairés. Alors comment faire de ces réunions des moments de dialogue ?

Un ordre du jour et des « battles »

Comme l'affirment Nicolas Bouzou et Julia de Funès dans leur ouvrage « La comédie (in) humaine », les entreprises doivent miser sur les fondamentaux : la pensée et le langage. Elles peuvent pour cela organiser des débats d'idées argumentés qui opposeraient, en toute bienveillance, deux équipes de cinq collaborateurs par exemple.

Pour cela, il faut tout d'abord savoir quel est le sujet principal abordé, la problématique traitée (l'ordre du jour !). Socrate et Platon soulignaient à ce titre que sans cette étape préliminaire, les opinions des participants au débat partiront dans tous les sens.

Pour éviter cette dérive, il est nécessaire que les collaborateurs sachent exprimer clairement leurs propos et argumenter de façon logique. Or, combien de collaborateurs n'osent pas exprimer le fond de leur pensée par peur du jugement d'autrui ou simplement parce qu'il est difficile d'avancer un argument logique ?

La règle est simple : chacun doit s'exprimer, tour à tour, pendant quelques minutes seulement. Puis, en écoutant attentivement toutes les opinions, les collaborateurs les dépassent par la confrontation de leurs arguments pour atteindre une « idée vraie » (idée vraie, non en terme absolu mais sur le moment et dans la situation particulière).

Comme le disait également Platon : « Dialoguer, c'est donner ses raisons et accueillir celles d'autrui ». Ici, les collaborateurs ne doivent pas s'exprimer au nom de leur réputation ou, pire, de leur poste hiérarchique, ils doivent le faire au nom de leurs idées, ce sont elles qui sont jugées.

Apprendre à argumenter

A l'issue d'une telle confrontation d'arguments, les collaborateurs ne sortiront pas frustrés. Ils auront défendu leurs convictions, écouté les contradictions et atteints ensemble une idée plus riche encore que la somme des opinions individuelles. C'est pourquoi il est nécessaire de (ré)apprendre aux collaborateurs à argumenter, écouter activement autrui et débattre en entreprise !

« Au lieu de faire de la pâte à modeler et des loisirs créatifs, enrichissons la pensée, nuançons les mots, apprenons aux salariés à écrire correctement — et j'ajoute s'exprimer clairement à l'oral — pour affûter les esprits, les rendre plus performants, plus riches en vocabulaire et donc en idées précises. »

— Nicolas Bouzou et Julia de Funès

 
 
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